En ce moment, le plus gros joueur des sables bitumineux en Alberta essaie de contourner les règles imposées aux pétrolières en matière de gestion des bassins de décantation toxiques.
Suncor, qui a fusionné avec Petro-Canada en 2009, voudrait que le gouvernement albertain lui donne jusqu’en 2085 pour ramasser ses milliards de litres de boue toxique.
Mais ce n’est pas ça, le plus absurde! La stratégie que propose Suncor pour «nettoyer» 525 milliards de litres de boue, c’est de domper tout ça dans un trou puis de le couvrir d’eau. C’est tout. Ce plan plus que boiteux, c’est juste une tentative à peine voilée d’éviter d’avoir à ramasser ses dégâts après 50 ans d’extraction frénétique d’hydrocarbures.
Nous n’avons absolument aucune garantie que les grosses compagnies comme Suncor qui se spécialisent dans l’extraction des matières premières seront encore là dans trois quarts de siècle. Et c’est encore moins certain qu’elles auront les moyens et la motivation de nettoyer leurs dégâts!
Dites à Suncor d’arrêter d’essayer de se défiler et de nettoyer son gâchis dès maintenant.
Il y a plus de 1,2 milliard de litres de boue résiduelle dans les bassins de décantation là où on produit des sables bitumineux. Ces horribles lacs à ciel ouvert libèrent des substances toxiques et polluent le nord de l’Alberta. Leur gestion demeure le plus important défi logistique et environnemental de l’exploitation des sables bitumineux.
Les Premières Nations, les environnementalistes et les populations locales ont toujours craint que le plan à long terme se résumerait à repousser toujours à plus tard le nettoyage, et ce, jusqu’à ce que la dernière goutte de pétrole ait été extraite du sol. Ensuite, les pétrolières trouveraient le moyen de laisser aux collectivités et aux contribuables le soin de nettoyer leur gâchis. Et si Suncor obtient gain de cause, c’est exactement ce qui se produira.
C’est encore plus déconcertant considérant que la mine de Suncor doit fermer en 2032. La pétrolière veut nous faire croire qu’elle restera plus de 50 ans après la fin de ses opérations pour ramasser tout ce qu’elle a détruit? La population albertaine et canadienne n’a absolument aucune garantie que Suncor sera là pour achever le nettoyage. C’est un risque que nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de prendre.
Le gouvernement albertain révise présentement la stratégie malavisée de Suncor pour gérer ses bassins de décantation. Il nous reste donc peu de temps pour passer à l’action.
Dites à Suncor qu’elle doit prendre ses responsabilités et nettoyer dès maintenant les boues toxiques qui baignent dans ses bassins de décantation.
Suncor sait très bien ce dont les membres de SumOfUs comme vous êtes capables. Vous vous êtes battus avec détermination quand elle a essayé de convaincre le gouvernement de la laisser puiser toute l’eau de la rivière Athabasca. Des dizaines de milliers d’entre vous ont répliqué, ce qui a permis à SumOfUs de se retrouver à la table des négociations.
Grâce aux membres de SumOfUs comme vous, nous avons également soumis une résolution au vote des actionnaires à l’assemblée générale de 2016. Une résolution de ce genre n’avait jamais reçu une aussi grande proportion des votes dans l’histoire du Canada! Suncor a éventuellement accepté de commencer à divulguer avec plus de transparence ses activités de lobbying.
Vous voyez: contre toutes attentes, vous avez obligé la plus grande pétrolière des sables bitumineux à rendre des comptes! C’est un exploit que nous devons maintenant réussir à refaire. Suncor n’est pas la seule pétrolière qui essaie d’éviter d’avoir à prendre ses responsabilités en ce qui a trait aux boues résiduelles dans ses bassins de décantation. Si Suncor réussit à reporter ses opérations de nettoyage, elle aura ouvert la voie à ce que toutes les autres pétrolières en fassent tout autant.
Tenons tête aux pétrolières qui exploitent les sables bitumineux. Dites à Suncor de nettoyer dès maintenant le gâchis dans ses bassins de décantation.
Plus d’informations
DeSmog Canada. 28 juin 2017.
La Presse. 28 septembre 2008.
Le Devoir. 19 avril 2016.