Le PDG de Facebook ne veut pas que l'on sache dans quel hotel il passe ses nuits actuellement. Et il a raison.
Pourtant, son entreprise s'active à savoir exactement où vous passez les vôtres ce moment même Antoine -- et il y a fort à parier qu'elle le sache déjà si vous disposez d'un compte sur son réseau social.
Il y a quelques jours, Mark Zuckerberg s'est présenté devant le Congrès étasunien et a tenté de justifier comment les données personnelles de 87 millions d'usagers de Facebook ont pu atterrir entre les mains d'une application malveillante, mettant en péril les processus démocratiques dans le monde entier.
Il aura fallu cinq jours entiers à Zuckerberg pour présenter des excuses après la fuite sur la place publique de la violation massive de données Facebook, alors même que le cours de l'action du géant de la Silicon Valley chutaient en bourse. Zuckerberg a toujours refusé d'admettre sa responsabilité dans certaines des pires infractions de la firme. Si sa stratégie n'était pas encore suffisamment claire, les profits juteux de son business-model basé sur la surveillance de masse constituent la principale priorité de Zuckerberg - bien au-delà de la protection des données et de la vie privée des utilisateurs de Facebook.
Il est temps pour Facebook d'assumer un nouvelle gouvernance pour s'assurer que les millions de personnes qui souhaitent utiliser ce service pour rester en contact avec leurs ami-e-s et leur famille puissent le faire en sachant que leurs informations personnelles ne seront pas fuitées pour alimenter les profits de Facebook.
Demandez à Mark Zuckerberg de démissionner de son poste de PDG de Facebook maintenant.
Le mois dernier, Facebook a annoncé la suspension de l'application tierce Strategic Communication Laboratories et de son cabinet d'analyse de données politiques, Cambridge Analytica. Tous deux ont organisé des opérations de collecte de données pour la campagne électorale présidentielle de Donald Trump en 2016, et ont été largement crédités pour avoir aidé Trump à cibler plus efficacement des électeurs sur Facebook. C'est un problème massif, puisque 45% des utilisateurs de Facebook aux États-Unis s'informent via la plateforme.
Ce n'est pas la première fois que Facebook transmet des données personnelles à des mains peu scrupuleuses. Il y a deux ans, à la demande de la police de Baltimore, la compagnie interrompait le live stream de Korryn Gaines au moment de son interpellation mortelle par la police. Au cours des dernières années, Facebook a été sous les feux des projecteurs pour s'être plié à de la censure d'état, avoir fait proliférer les "fake news", promu des politiques contradictoires sur les discours haineux ou eu des pratiques de collecte de données contraires à l'éthique.
Il n'y a aucun contre-pouvoir au sein de Facebook pour tenir Zuckerberg pour responsable des risques pris par ses utilisateurs. Nous avons l'opportunité de changer cet état de fait. Au cours des dernières semaines, Facebook a perdu près de 100 milliards de dollars en valeur marchande. Zuckerberg sait qu'il est au pied du mur, publiant enfin des excuses publiques mais refusant toujours de témoigner devant les législateurs britanniques. Si la pression continue, Facebook sera contraint de lui demander des comptes et de changer sa structure de gouvernance.
Trop c'est trop : Signez maintenant pour exiger de Zuckerberg qu'il quitte la direction de Facebook
Mark Zuckerberg est non seulement le PDG de Facebook, mais il en est également le président du conseil d'administration, ce qui signifie qu'il n'est responsable que devant lui-même. La structure de gouvernance de Facebook donne très peu de pouvoir aux actionnaires et concentre le pouvoir en un seul endroit: Mark Zuckerberg lui-même.
L'an dernier, nous avons déposé une résolution d'actionnaires pour obtenir un patron pour Zuckerberg - un président qui serait indépendant du conseil d'administration. Parce que nous savions que ce manque de responsabilité devant autrui était la clef d'un désastre et de scandales à venir. Mais Zuckerberg contrôle 60% du pouvoir de vote des actionnaires tout en ne détenant qu'une minorité des actions. Aussi, même si notre proposition a reçu le soutien de près de la moitié des actionnaires non contrôlés par Zuckerberg, nous étions conscients que le combat devrait aussi se jouer ailleurs.
SumOfUs ne craint pas de s'en prendre à Facebook. L'année dernière, 140 000 de nos membres ont interpellé Facebook sur ses pratiques de censure après que plusieurs rapports aient fait surface sur des militant-e-s réduit-e-s au silence de part le monde. Nous savons que lorsque nous travaillons ensemble, nous avons le pouvoir de changer Facebook pour en faire un espace en ligne sûr et meilleur pour tou-te-s.
Plus d’informations
Europe 1. 5 avril 2018.
Al Jazeera. 28 mars 2018.
Variety. 27 mars 2018.